La question de l’équilibre d’un repas végétarien passe souvent après la question de la saveur de la chose, quand on n’est pas tout à fait de la partie.
Comment faire pour avoir une assiette appétissante quand on n’a plus son blanc de poulet grillé rapporté du marché, une brochette de bœuf suante, ou une blanquette de veau mijotée pendant des heures?
Je veux dire : on met quoi au milieu des haricots verts, des pommes de terre sautées ou du riz au safran?…
Je sais bien que l’image que l’on se fait de la « bouffe » végétarienne, c’est une triste assiette avec un peu de quinoa tout fade, de tofu pâlot, et une ou deux feuilles de salade pour égayer la vie.
En vrai, manger végé demande un tout petit peu d’imagination mais avec tout ce que la télé nous offre en émissions (et dépassement de soi) culinaires ces dernières années, cuisiner c’est finalement un peu comme bricoler : le « do it yourself » a de beaux jours devant lui.
Sans entrer dans le dur (la fin du pétrole, la protection animale, l’élevage intensif, les orangs-outans en Indonésie sans arbre et les ours blancs en antarctique sans iceberg…), ce premier article sera le prétexte à vous donner quelques chiffres.
C’est factuel, ce n’est pas l’expression de mon émotion face à un petit chaton trognon, et c’est une des raisons pour lesquelles tout le monde sur cette terre ne peut pas manger de viande. Ou ne peut pas manger tout court.
« Pour un bœuf de 200 kg au terme de 3 ans de vie:
– 24 000 litres d’eau qu’il boira en 3 ans;
– 7000 litres d’eau utilisés à la ferme et à l’abattoir;
– 3 000 000 de litres d’eau qui se cachent derrière les 8500 kilos de grains et de fourrage qu’il mangera durant sa vie.
Total 3 031 000 litres, soit par kilo, 15 155 litres.
Il faut 6000 litres par kilo de porc, 4000 par kilo de poulet.
Les légumineuses, les fruits et les légumes demandent le moins d’eau. Le rapport entre l’empreinte des légumineuses et du bœuf est de 1 à 20. »
(RTBF Publié le lundi 27 février 2017) –
Ces chiffres varient (mais peu) selon les sources d’info, et selon évidement les conditions d’élevage des animaux : Ils n’ont pas accès aux mêmes quantités d’eau (eaux verte, bleue ou grise, si cela vous intéresse) en plein air ou élevage intensif, et certaines régions sont plus humides que d’autres.
Mais ces chiffres se recoupent un peu partout.
Cela veut dire qu’il aura fallu 45 000 litres d’eau pour produire 3 kg de viande, c’est-à-dire une piscine de 8 x4x1,5 remplie (oui oui, avec les enfants qui sautent dedans; on la préfère pleine du coup).
Je pourrais poser ici beaucoup d’autres chiffres (l’évolution de la consommation de viande dans le monde, les gaz à effet de serre, les livres qui témoignent de scandales liés à la production de viande dans des conditions douteuses) mais ce seul constat est édifiant.
Cette eau à laquelle des personnes n’ont pas accès et les milliers de tonnes de céréales que l’on arrose pour nourrir des animaux que nous allons trouver en barquette dans nos magasins, pourraient servir à alimenter des millions de gens dans le monde.
(et donc, le Orang-outan, on le fait descendre de l’arbre pour faire de la place et y cultiver le soja qui va nourrir les animaux, si tout le monde me suit…)
Et du coup, je me suis dit que quelque chose clochait.
Et je me suis mise au quinoa.